Je suis Sandrine MARLIN. Je suis généticienne, de formation pédiatre. Je me suis spécialisée en génétique et je m'occupe quasi exclusivement de problèmes de surdité. Je m'occupe à la fois de surdité de l'enfant et de surdité de l'adulte. Je travaille à l'hôpital Trousseau où j'ai une consultation où je vois beaucoup d'enfants et très peu d'adultes. J'ai aussi une consultation dans un service ORL adulte à l'hôpital Beaujon à Clichy. Je travaille également dans une unité de recherche, qui est l'unité de recherche leader sur le plan mondial, dans la recherche des gènes impliqués dans les surdités que ce soit les surdités de l'enfant ou de l'adulte. Cette unité de recherche est dirigée par le Professeur PETIT et elle est située à l'institut Pasteur à Paris.

Rappel sur la génétique.

Je vais essayer de vous parler un petit peu, aujourd'hui, de ce que l’on sait, des origines des surdités et en particulier, des origines génétiques. Pour parler la même langue, il faut avoir le même alphabet. Il faut d'abord comprendre de quoi l’on parle. Donc, je vous ai fait quelques petits rappels sur la génétique. Les gènes servent à 2 choses : ils servent dans la première partie de notre vie, chez l'embryon, à former les organes, et puis, dans la seconde partie de notre vie, à les faire fonctionner. Donc, en fait, la plupart de nos caractéristiques physiques et du fonctionnement de chacun des organes, dépendent de gènes, du fonctionnement des gènes. Ces gènes se transmettent de génération en génération, des parents aux enfants.
Pour chaque gène, on a 2 copies : on a une copie qui vient de notre père et une copie qui vient de notre mère. Donc, à chaque fois, on n'a pas un seul gène, on a 2 gènes qui normalement sont identiques et qui fonctionnent de façon parallèle.
On pense mais c'est très controversé parce qu'on n'a pas du tout fini de découvrir tous les gènes, impliqués dans toutes ces maladies, on pense que l'on a 30000, 40000 gènes. Les gènes se trouvent situés sur des chromosomes et les chromosomes sont dans chacune des cellules au nombre de 46, encore une fois, divisés en paires, donc vous avez 23 paires de chromosomes. Sur chaque chromosome, il y a des milliers de gènes différents. A 23 paires de chromosomes vont une des paires qui détermine le sexe : XX pour les filles et XY pour les garçons.
Donc en fait, ce ne sont pas les gènes qui ont une fonction mère, ce sont les protéines. Chaque gène sert à faire fabriquer, à fabriquer, à faire fonctionner la cellule, à faire synthétiser à la cellule des protéines et ce sont ces protéines qui ont, elles, une action particulière. Donc en fait, ce n'est pas le gène en lui-même, qui a une action, c'est la protéine.
Quand le gène ne va pas être normal, la protéine risque soit de ne pas exister, soit de ne pas être fonctionnelle.

Généralités sur les surdités.

Si l'on parle un peu de généralités dans les surdités, si l'on prend la naissance, il y a 1 enfant sur 1000 à 1 enfant sur 700 qui naissent sourd profond ou sévère, ce qui correspond au déficit sensoriel le plus fréquent qui existe chez l'homme. Si l'on prend l'age adulte, il y a 1 enfant sur 500 qui a une surdité sévère, ce qui veut dire qu'il y a des enfants qui ont des surdités évolutives et qui vont survenir après la naissance. Après il y a d'autres formes, qui touchent l'adulte jusqu'aux dernières décennies de sa vie.
Parmi ces surdités, quelle qu'en soit la date d'apparition, il y a plusieurs origines.

Origines extrinsèques.

Avant, on connaissait principalement, les origines extrinsèques c'est à dire extérieurs. Pour les enfants, il y avait certaines infections pendant les grossesses comme la toxoplasmose, la rubéole, d'autres virus, des souffrances extrêmement importantes à la naissance, puis après.... des méningites, certains médicaments toxiques pour la cochlée, des traumatismes très importants au niveau de la cochlée etc...

Origines génétiques.

Ça, on connaissait mais on ne savait pas du tout que c'était une partie finalement très très faible des surdités puisque depuis 1995, on s'est aperçu de la part génétique des surdités. On connaît mieux la part génétique des surdités de l'enfant que des surdités de l'adulte aujourd'hui, parce que la recherche s'est d'abord intéressée au cas des enfants qui avaient une surdité profonde à la naissance. On pense aujourd'hui que 80 % des surdités de l'enfant sont d'origine génétique, dans les pays où il n'y a pas de problèmes de santé publique, d'infections comme par exemple, en Afrique.
Dans nos pays industrialisés, c'est 80% de la part des surdités et si l'on prend l'adulte, c'est sûrement plus de 50 % mais on ne sait pas encore combien, mais tout ce que l'on sait, c'est que de plus en plus, on découvre des gènes impliqués dans les surdités qui surviennent à l'age adulte.
Parmi ces surdités d'origine génétique, il y en a 2 grandes classes :

- les surdités syndromiques, qui en fait si on prend toutes les surdités, ne représentent pas plus que 10 à 15 %. Ça veut dire que la surdité n'est pas le seul signe, ça veut dire qu'associé à cette surdité, il va y avoir d'autres problèmes, comme des problèmes de rein, de peau , de vision, enfin pleins d'autres problèmes, mais ces surdités sont plutôt minoritaires puisqu'elles ne représentent que 10 à 15 % .

-les surdités seules. Dans la grande majorité des cas, le gène en fait n'a qu'une action qu' au niveau de l'oreille donc la personne atteinte n'a, disons qu'une surdité.

Les surdités syndromiques :
On va parler d'abord de quelques petites surdités syndromiques, juste pour vous faire comprendre que la surdité parfois, peut rentrer dans un cadre de maladie plus globale.
Il existe plus de 500 syndromes différents, plus de 500 maladies différentes dans lesquelles, on trouve une surdité plus d'autres problèmes.
Les autres signes peuvent toucher tous les organes. Par exemple, ça peut être une surdité évolutive associée à une pathologie du rein qui va donner chez certains garçons, des problèmes rénaux très importants allant jusqu'à la nécessité de greffe du rein. Ca peut être par contre des choses complètement anodines comme une mèche de cheveux blancs. Ça peut être des choses plus embêtantes comme des problèmes visuels qui associés au problème de surdité, vont créer un double handicap sensoriel avec des gros problèmes au niveau de l'autonomie de ces personnes.

La plupart de ces surdités se transmettent de cette façon-là.

Modes de transmission

Je vais vous montrer avec des exemples comment peuvent se transmettre dans les familles, ces différents gènes responsables de surdité.

Le mode dominant (une seule copie du gène anormal suffit).

Dans les surdités syndromiques, on retrouve souvent mais pas tout le temps, un mode que l'on appelle dominant , c'est à dire que la personne qui est sourde, est porteuse d'une anomalie génétique qui touche qu'une seule copie du gène qui nous intéresse.

Le syndrome de Waardenburg.
Par exemple, une famille porte un syndrome de Waardenburg. Cela donne une surdité qui peut apparaître à tout age chez l'enfant mais aussi chez l'adulte avec des troubles de la pigmentation. Ça donne des mèches de cheveux blancs ou des cheveux blancs, très tôt avant 30 ans, des yeux de couleurs différentes ou des yeux bleus magnifiques un peu comme la couleur des sièges sur lesquels vous êtes assis, des taches blanches sur la peau, des problèmes de couleurs de la peau et des cheveux
Un papa par exemple est porteur d'une mèche de cheveux blancs mais il n'est pas forcément sourd. Il porte une anomalie sur un des gènes qui donne le syndrome de Waardenburg. L'autre copie est normale. Donc, dans ces maladies là, il suffit d'avoir une anomalie sur les 2 copies pour avoir la maladie.
Sa conjointe, elle, n'a rien. Elle n'est pas sourde, elle n'a pas de problème de pigmentation et ils ont des enfants.
Au hasard, soit le papa transmet la copie qui est normal, et ils auront des enfants qui ne sont pas sourds et qui n'ont pas de troubles de la pigmentation. Soit il transmet le gène qui n'est pas normal, et là, l'enfant aura la même maladie que son père, mais pas forcément les mêmes signes, c'est ça le problème.
C'est à dire que quand on cherche une maladie génétique, il faut non seulement interroger les gens sur l'origine de la surdité : est ce qu'il y a des sourds dans la famille ? Est ce qu'il y a des troubles dans les oreilles ? Mais aussi, sur cette mèche de cheveux blancs etc...
Parce que la maladie génétique ne s'exprime pas forcément de la même façon, chez tout le monde.
Ça, c'est une transmission dominante, c'est à dire que l'on va trouver ça, de génération en génération. On risque par exemple, de retrouver plusieurs sourds dans la même famille

Le mode récessif (les 2 copies du gène sont anormales)

Le plus souvent, cette surdité est ce que l'on appelle récessive, c'est à dire qu'il n'y a pas d'autres problèmes que la surdité.
Chez l'enfant, dans la très grande majorité des cas, cette surdité est transmise de façon récessive c'est à dire autrement que tout à l'heure, parce que là, pour être sourd, il faut avoir les 2 copies du gène anormal
Donc, dans la grande majorité des cas, les enfants qui naissent sourds, ont 2 parents entendants qui ignorent qu'ils ont à la fois, une copie normale d'un gène et aussi une copie anormale d'un gène. Ils ignorent qu'ils ont une anomalie sur le même gène. Donc, ils transmettent tous les deux, cette anomalie à un enfant et cet enfant va être sourd.
Mais, ils peuvent aussi avoir des enfants entendants, il suffit qu'il y ait une bonne copie qui ait été transmise.
Dans la grande majorité des cas de surdité chez l'enfant, les parents sont entendants et il n'y a pas d'antécédents de surdité dans la famille. Personne n'est sourd dans la famille, mais les parents sont porteurs d'une anomalie génétique qu'ils ignorent.
Mais on est tous porteurs d'une bonne quinzaine d'anomalies génétiques que l'on ignore. Mais, en fonction de la fréquence de cette anomalie dans la population générale, on a plus de risques de rencontrer quelqu'un qui a la même chose que soi.
C'est la même chose pour les maladies qui touchent l'enfant, comme par exemple, la mucoviscidose.
Dans la grande majorité des cas chez l'enfant, ça se transmet comme ça. C'est pour ça, que l'on ne retrouve pas du tout de surdité dans la famille, mais pourtant, c'est génétique.
Avant de connaître les gènes sur les surdités, on était incapable chez un enfant qui était tout seul sourd dans sa famille et qui n'avait pas de signes autres que la surdité, de savoir si c'était génétique parce que l'on ne connaissait pas les gènes, donc on pouvait pas savoir.
Maintenant, on connaît un certain nombre de gènes, donc on peut directement, aller faire une prise de sang chez cet enfant et rechercher cette anomalie génétique.

Le mode de transmission liée au sexe.

Il y a un autre mode de transmission de surdité qui est une transmission qui est liée au sexe.

XY (Père) + XXa (Mère avec anomalie a sur un de ces X, mais entendante) :
On obtient comme enfants :
- XX (Fille normale)
- XXa (Fille normale entendante)
- YX (Garçon normal)
- YXa (Garçon sourd car porteur de l'anomalie a)

Je vous ai dit tout à l'heure, que l'on a des chromosomes qui déterminent le sexe, un XX pour les filles et un XY pour les garçons.
Sur les chromosomes X comme sur tous les chromosomes, il y a plein de gènes, donc il y a des formes de surdité qui de la même façon que pour les myopathies dont vous avez certainement entendu parler pour le Telethon, ne touchent que les garçons et qui sont transmises par les mères.
Une femme qui entendant bien, est porteuse sur un de ces chromosomes X d'un gène anormal.
Elle entend bien pourquoi ? parce que son autre chromosome X est normal, donc pas de problème.
Elle fait des enfants avec un monsieur qui lui aussi, entend bien.
Si l'enfant a un Y du monsieur et un X de la mère, normal, il n'a pas de problème. Donc, pas de surdité.
Contrairement à ce que l'on pense dans la population, ce sont les hommes qui déterminent le sexe des enfants. Si le monsieur transmet son chromosome X, il aura des filles. S'il transmet son chromosome Y, il aura des garçons.
Comme il a un chromosome X normal, il ne peut avoir que des filles entendantes. Par contre, certaines de ses filles vont être porteuses comme leur maman, parce qu'elles vont recevoir un deuxième chromosome X qui n'est pas normal.
Donc, ça pourra sauter une génération.
Pour les garçons, ça dépend de ce que transmet la maman. Si elle transmet son chromosome X qui est normal, le petit garçon sera entendant. Si elle transmet le chromosome X qui n'est pas normal, le petit garçon sera sourd.
Donc, en fait, avec 2 parents entendants, on peut avoir des garçons sourds ou des petits garçons sourds mais pas de filles sourdes.
Il y a un gène assez rare, moins de 1 % des surdités, donc c'est rare, qui donne une surdité extrêmement évolutive chez les garçons avec une malformation sur la cochlée, que l'on reconnaît facilement au scanner et qui se transmet toujours comme ça.
On connaît ce gène et donc, on peut le confirmer. Ca donne une surdité qui est souvent précoce mais il arrive que ce soit qu'à l'age adulte que ça se déclenche. Mais, en général, c’est une surdité extrêmement évolutive, avec des garçons qui ont une surdité profonde assez rapidement. C'est une surdité qui est difficilement implantable, parce qu'il y a une telle malformation sur la cochlée que les chirurgiens ne sont pas très chauds pour aller mettre un implant cochléaire.

Dans les surdités de l'adulte isolé, le mode de transmission de l'anomalie génétique est le plus souvent celui que je vous ai cité tout à l’heure, c'est à dire une transmission dominante. En effet, souvent dans les gènes que l'on a trouvé dans les formes familiales qui touchent une surdité évolutive de l'adulte, on trouve souvent des antécédents dans la famille et souvent, ça se transmet de génération en génération, mais pas forcement avec la même sévérité. ça peut être quelqu'un qui est devenu sourd à 30 ans ou un autre à 50 ans ou un autre à 60 ans...., et pourtant, c'est la même anomalie génétique .

Les gènes de la surdité.

Aujourd'hui, où est ce que l'on en est ?
Le premier gène de surdité isolée sans autre anomalie, a été découvert dans notre laboratoire en 1995.
Aujourd'hui, on en est à 35 chez l'adulte et l'enfant confondus, et on pense en avoir au moins 70, au moins car parce qu'il y a encore des familles pour lesquelles ça ne correspond pas. On pense qu'il y en a bien une bonne centaine.
Le problème, c'est d'arriver à trouver des petits signes qui permettent de différencier chez une personne telle et telle atteinte parce que vous avez des gènes qui ont des fonctions tellement semblables, qu'en fait, lorsqu'on voit la surdité, on n'arrive plus à savoir si c'est le gène x ou si c'est le gène y qui fait défaut.
Une des grandes parties de mon travail qui me tient très à coeur, c'est d'essayer de trouver les petites choses qui vont permettre de savoir dans quelle direction je dois aller.
Je vais vous parler de quelques gènes pour vous montrer un petit peu, des exemples de ce que l'on fait aujourd'hui.

Le gène de la connexine 26.

Chez l'enfant, il y a un gène très important, majoritaire que l'on a découvert en 1999, qui est le gène de la connexine 26.
Ce gène donne une surdité précoce avant l'apparition du langage mais parfois évolutive dans 20 % des cas. Sa présence si l'on prend tous les enfants sourds, correspond à 30 % de la surdité chez l'enfant. C'est énorme ! Si vous faites des prises de sang à tout le 14ème arrondissement, vous allez trouver 3 personnes sur cent qui sont porteuses d'une anomalie sur ce gène, c'est à dire qu'ils ont une bonne copie et une mauvaise copie.
Ils sont entendants, porteurs d’une anomalie génétique.
C'est une des anomalies génétiques les plus fréquentes que l'on connaisse quelque soit la maladie. C'est aussi fréquent que la mucoviscidose !
Ca donne une surdité précoce qui peut être de toutes sévérités : profonde, sévère, moyenne etc.... Il n'y a pas de signes associés. Ces enfants n'ont pas de vertiges et à l'age adulte, il n'y a pas de vertiges non plus.
Il y a parfois des acouphènes à l'age adulte mais c'est plutôt rare.
Il n'y a pas de malformation sur la cochlée quand l'on fait un scanner.
C'est un gène très important et très intéressant pour le développement de traitements futurs pour les surdités de l'enfant.

Le 2ème gène responsable : celui qui peut être lié à des anomalies de la thyroïde : le syndrome de Pendred.

Le 2ème gène responsable de surdité de l'enfant est un gène qui peut à la fois donner une surdité isolée, c'est à dire sans autres problèmes mais aussi une surdité associée à des anomalies de la thyroïde.
La thyroïde est une glande, qui pour l'enfant, permet d'avoir une croissance normale et une intelligence normale, et qui après régule beaucoup de nos fonctions générales. Quand elle dysfonctionne, elle peut gonfler et donner un goitre.
Cette surdité est souvent la à la naissance, mais elle peut apparaître dans les dix premières années de vie.
Elle est souvent fluctuante c'est à dire que le niveau n'est pas constant. Ces enfants peuvent avoir une chute de l'audition puis une remontée, puis une chute, puis une remontée, et cela peut être même, dans la même journée.
S'associe à cette surdité une malformation que l'on repère sur le scanner et qui donc, oriente la recherche vers ce gène particulier.
Les 2 parents sont porteurs mais ils sont parfaitement entendants. Ca représente dans la forme associée, à peu près 3%, mais si on prend la part de ce gène dans les surdités sans autres problèmes, c’est environ 6%.
Ça fait apparaître que les gènes responsables de la surdité représentent une toute petite partie de l'ensemble des gènes. Ca nous n’aide pas nous, généticien, parce qu'un gène à rechercher, va toucher une toute petite partie de la population.
Donc pour rechercher un gène en cause, ce n’est pas facile et pour développer un traitement, c'est encore plus difficile ! Parce que plus on s'adresse à une population faible, plus on a de difficultés.
Autant pour la connexine 26, ça touche beaucoup d'enfants et on a des chances de pouvoir peut être un jour, développer un traitement, autant pour les autres formes, ça sera encore plus difficile.

Les anomalies sur les gènes des mitochondries, pouvant être déclenchées par la prise des antibiotiques de la famille des aminosides.

Maintenant, je voudrais vous parler de 2 formes de l'adulte, parce qu'elles sont intéressantes sur le plan de ce que cela donne.
Dans vos cellules, vous avez 2 sortes de gènes :
- les gènes dont vous entendez parler sans arrêt à la télévision, qui sont les gènes qui sont sur les chromosomes et qui servent à faire la plupart des protéines
- les gènes des mitochondries.
Vous avez une autre partie de la cellule qui s'appelle la mitochondrie.
Cette mitochondrie, c'est une sorte de centrale électrique de la cellule qui fournit l'énergie à la cellule et en particulier au noyau dans lequel il y a le chromosome.
C'est donc, en fait une partie de notre cellule qui va servir les autres gènes.
Cette mitochondrie a des gènes particuliers qui sont différents de ceux que l'on trouve au niveau des chromosomes.
Ce sont des gènes essentiels puisqu'ils fournissent l'énergie à la cellule. Sans énergie, la cellule dégénère.
Ces mitochondries, on sait qu'elles peuvent être impliquées dans beaucoup de pathologies et en particulier, les pathologies neurologiques graves de l'enfant.
Elles ont une particularité au niveau de leur transmission : c'est que, quand le spermatozoïde pénètre dans l'ovule, il n'y a pénétration que du noyau. Il n'y a pas de mitochondries de l'homme qui pénètre dans l'ovule de la femme.
Donc, en fait, quand on a une anomalie d'une mitochondrie, seules les femmes peuvent la transmettre, puisque les hommes ne peuvent pas transmettre cette anomalie par les spermatozoïdes.
Par contre, les femmes peuvent la transmettre à tous leurs enfants puisque a priori, il y a des mitochondries anormales dans tous les ovules.
Donc c'est une transmission maternelle exclusive mais souvent, beaucoup d'enfants sont atteints.
Pourquoi je vous parle de cette anomalie génétique, c'est parce qu'on connaît plusieurs anomalies de la mitochondrie qui donnent des surdités de l'adulte, surdités qui sont très souvent évolutives, avec parfois des acouphènes, et en particulier, une surdité qui est aggravée ou même, déclenchée par la prise d'un antibiotique.
Ces antibiotiques sont des aminosides qui sont des traitements que l'on donne pour des infections graves, par voie intramusculaire ou intraveineuse.
Ces antibiotiques sont toxiques pour la cochlée de toute façon.
Donc si on les donne à fortes doses chez l'humain ou chez l'animal, ça détruit les cellules dans la cochlée.
Mais, donné à des doses normales à quelqu’un, l'on va dire qui n'a pas d'anomalies génétiques, ça ne va pas lui entraîner de surdité, si c'est donné à une dose normale, avec une fréquence normale.
Par contre, si cette personne est porteuse de cette anomalie génétique, c'est comme si on multipliait la dose par 1 000000. Donc, là, il va y avoir destruction des cellules de la cochlée et cette personne va devenir sourde.
D'où l'intérêt de dépister cette surdité, parce que si cette maman est porteuse d'une surdité due à cette anomalie, il ne faut SURTOUT PAS que ses enfants soient traités avec ces antibiotiques là, car ils peuvent développer une surdité profonde d'emblée suite à une injection.
Cela permet de faire de la prévention.
On connaît d'autres anomalies de la mitochondrie qui donnent des surdités de l'adulte, sans particulièrement prise d'antibiotiques.

Le gène COCH.

Pour finir, parce qu'on pourrait y passer la journée, avec un catalogue, mais je pense que c'est pas intéressant de faire un catalogue, je voulais juste vous parler de ce gène la parce qu'il donne quelque chose de très particulier, sur le plan des signes : c'est un gène qui s'appelle COCH.
C'est un gène qui donne une surdité de l'adulte qui commence vers l'adolescence et qui peut apparaître plus tard.
C'est une surdité évolutive et surtout, elle s'accompagne de très grands vertiges.
C'est un gène qui est présent dans les 2 parties de l'oreille interne.
Dans l'oreille interne, il y a 2 parties : l’organe de l'audition qui est la cochlée et l'organe de l'équilibre qui est le vestibule.
Dans le vestibule, il y a une sorte de gel, un peu comme le gel que l'on met sur les cheveux, et des sortes de cristaux qui sont sur ce gel et qui permettent en fait, d'avoir un bon équilibre quand vous faites des mouvements de la tête ou des mouvements du corps.
Ce gène coach exprime une protéine qui existe au niveau des cellules de la cochlée mais aussi au niveau de toutes les cellules du vestibule.
Quand cette protéine ne marche pas, vous avez à la fois, une surdité et des acouphènes dus à des anomalies de la cochlée, mais aussi, et cela de façon très importante, des vertiges dus à des anomalies vestibulaires.
C’est des grands vertiges avec des gens qui ne tiennent pas debout. Ils sont obligés de se coucher.
Ca fait penser à une maladie que l'on appelle la maladie de Ménière qui elle aussi, s'accompagne de grands vertiges. En fait, ce sont 2 choses différentes mais comme l'aspect clinique peut se ressembler, parfois l'on a pris l'une pour l'autre.
Cette protéine, elle existe dans le ciment qui existe entre les cellules de la cochlée, qui est la matrice extracellulaire et qui est une sorte de ciment qui joint les cellules entre elles aussi bien dans la cochlée que dans le vestibule.

Pourquoi faire de la recherche sur les origines génétiques de la surdité ?

Dans la vie, moi, mon intérêt, c'est de pouvoir aider les gens et les médecins qui prennent en charge les adultes et les enfants sourds, en cherchant la cause.
Cela sert à quoi de chercher la cause ?
Ça sert à mon avis : on ne peut pas bien prendre en charge une maladie et on ne peut pas bien accepter une maladie sans en connaître la cause.
A mon avis, c'est très important et la plupart des gens, pas tous, mais la plupart, posent des questions à savoir pourquoi ? , pourquoi je suis sourd ? , pourquoi mon enfant est sourd ?
Ca c'est la première chose.
Deuxièmement,ça permet d'éliminer d'autres problèmes, parce que je vous ai dit que parfois malheureusement, on découvre d'autres anomalies associées. Ces anomalies peuvent souvent être traitables.
Ca permet de faire de la prévention chez les autres membres de la famille. Ca permet de savoir comment se transmettent ces surdités mais ça n'amène pas de prise en charge, ça n'amène pas un traitement car on ne connaît pas encore de traitements biologiques de ces maladies.
Nous, on est intéressé de savoir par exemple, s'il y a des formes qui répondent mieux à l'implant cochléaire en fonction de la cause de cette surdité.
On peut imaginer que certaines surdités répondent mieux à l'implant en fonction en fait, de l'anomalie exacte qui est la cause de la surdité.
Nous on est en train de faire un travail mais ça demande extrêmement de travail, énormément de passion et énormément de recul, en particulier chez l'enfant. Parce qu'il faut que ce soit des enfants qui aient été implantés au même age, que ces enfants soient à peu près, dans le même mode éducatif, que ces enfants soient, à peu près, dans le même mode socioculturel etc., pour pouvoir les comparer et de voir si grâce à la génétique, on pourrait mieux implanter, avoir des meilleures indications d'implants cochléaires.
Ca commence chez l'enfant mais ça pourra éventuellement, peut être se faire plus tard chez l'adulte.
Aujourd'hui, évidemment, découvrir un gène, ça veut dire effectivement découvrir la protéine qui est derrière, ça veut dire étudier le rôle de cette protéine dans l'oreille,
ça veut dire créer des animaux qui vont avoir la même anomalie pour essayer de comprendre à quoi sert cette protéine pour essayer éventuellement dans l'avenir, de trouver un traitement.
Mais, il faut bien vous dire qu'aujourd'hui, on en est qu'à la première petite pierre.
Ca ne fait même pas 10 ans que l'on a découvert le premier gène responsable de surdité.
La génétique sur le plan de la médecine n'est qu'un embryon.
La génétique des surdités, alors là, c'est carrément à un stade d'une cellule. C'est vraiment tout bébé, tout bébé !
Donc, effectivement, le but dans l’avenir : on ne travaille pas forcément pour trouver des gènes, on travaille surtout pour pouvoir trouver des solutions, mais on n'en est pas là pour l'instant.

Questions de membres de l'assemblée.

Est-ce que par exemple, s'il y a un enfant dans une famille qui a une anomalie de la connexine 26 et que les parents souhaitent une autre grossesse, est-ce que l'on peut faire un test pendant la grossesse pour savoir si cet enfant va être sourd ?

Sur le plan technique, ça ne pose pas de problèmes.
Sur le plan éthique, ça pose des problèmes.
En France, la loi sur la médecine foetale, dit que l'on a le droit de proposer un diagnostic anténatal et donc de faire éventuellement, une interruption de grossesse pour une maladie d'une particulière gravité. Ce sont les termes de la loi.
Le problème est de savoir si l'on considère qu'une surdité isolée sans autre handicap, est d'une particulière gravité.
Ce problème est un problème majeur qui ne touche pas que la surdité, puisqu'il touche d'autres maladies et pour moi, je ne peux pas répondre de façon universelle. Je pense qu'il n'est pas souhaitable qu'il y est une liste de maladies pour lesquelles on ait le droit de faire un diagnostic anténatal et d'autres pour lesquelles on n'aurait pas le droit, parce que je pense que toute maladie dans une famille, dans un contexte différent, peut être vécue et avoir des conséquences différentes.
Moi, je reçois les parents, je reçois des adultes sourds et je pense que chaque personne est différente.
Moi, je ne suis pas là pour donner une éthique aux gens. On a chacun notre propre éthique mais je ne suis pas là pour l'imposer aux autres. J'ai pas non plus une vision paternaliste de la médecine donc, je n'impose pas ma vision mais je suis là pour qu'il y ait un dialogue et que l'on voit les choses les unes après les autres.
Pour vous donner la réalité des choses, en France, c'est une pratique qui n'est encore, pas du tout répandue.
Moi, je travaille avec un centre pluridisciplinaire de médecine foetale dans lequel il y a les maternités de Saint Antoine, de Tenon, de Rothschild etc...., dans lequel, on discute de la nécessité d'un diagnostic anténatal.
Soit un gynécologue trouve une anomalie pendant la grossesse, soit des parents viennent nous voir parce qu'ils ont déjà un enfant atteint d'une maladie génétique et souhaitent avoir un diagnostic pendant la grossesse.
Après on présente le dossier à l'ensemble des personnes qui font parti de la commission et qui sont des gynécologues, des pédiatres, des généticiens pour savoir si le centre est d'accord pour faire ce diagnostic.
D'accord, ça veut dire qu'il faut trouver un gynécologue qui soit d'accord pour faire la ponction et prendre le risque de faire une fausse-couche parce que ça arrive, un biologiste qui soit d'accord pour faire l'analyse et un gynécologue qui soit éventuellement d'accord pour interrompre une grossesse si les parents le souhaitent.
Donc, en fait, ça dépend un peu de chaque centre parce que c'est effectivement différent et je pense que plus on est spécialisé dans une pathologie, plus je pense, l'on est à même de pouvoir comprendre les problèmes de chacun.
Donc, techniquement, c'est possible mais maintenant, éthiquement, c'est du cas par cas.
Moi, ça m'est déjà arrivé, ça m'est arrivé dans plusieurs circonstances, et c'était à chaque fois, des circonstances particulières. Ca m'est arrivé dans plusieurs cas de couples qui en fait, avait une amniocentèse pour un autre problème ( pour savoir s' il y avait une trisomie 21 ) et qui voulait savoir si leur enfant était sourd.
En général, ça ne pose pas trop de problèmes. Ca m'est déjà arrivé pour des foetus pour lesquels il y avait une autre malformation associée, qui n'avait rien à voir avec la surdité (malformation cardiaque), avec un pronostic pas très sur et des parents qui avait déjà, un parent sourd et donc, malformation cardiaque plus surdité, ça faisait un peu beaucoup. Les parents avaient demandé et ça avait été accepté.
Et pour une grossesse qui avait été mise en route par des parents qui ne voulaient pas de diagnostic anténatal à priori. Ca était une grossesse gémellaire avec des jumeaux et donc les parents sont venus en me disant : " un enfant sourd d'accord, 3 d'un coup, ça nous dépasse ! Donc, ça, ça était accepté.
Jusqu'à aujourd'hui, à ma connaissance, il n'y a jamais eu d'interruption de grossesse. Les parents pour lesquels j'ai annoncé que le bébé était sourd, ont gardé les grossesses.
Je vous réponds avec mon expérience mais, il faut savoir qu'il y a d'autres centres pour lesquels ça aurait été refusé. C'est sûrement une question d’éthique !

Est ce qu'une surdité associée à une maladie de Hirschsprung, qui est une maladie du colon avec une malformation vertébrale et des problèmes génitaux, peut être dus à la même cause ?

Ça peut être du tout à fait, à la même cause.
Il y a des maladies pour lesquelles la surdité n'est pas l'anomalie la plus majeure.
Il y a des enfants qui ont souvent une forme du palais et un tout petit menton. Mais, parmi ceux-là, il y en a 1/3 qui ont une maladie qui donne une surdité qui évolue et à l'age adulte, elle continue à évoluer avec une très forte myopie.
Il faut faire très attention car il y a des syndromes qui vont toucher 1 enfant sur 10 000 voire 1 enfant sur 150 000, mais il ne faut pas penser systématiquement, que quand l'on a 2 problèmes, il y a toujours une seule cause.
On a tendance, nous, généticiens, à tout mettre dans la même enveloppe. On a souvent raison, mais parfois il faut voir les choses de façon différente, les dissocier.
Je vous expliquais tout à l'heure qu'il y avait 1/3 des surdités de l'enfant qui étaient dues à la connexine 26.
J'ai un certain nombre de patients et j'en ai de plus en plus, des petits garçons, qui malheureusement, accumulent 2 pathologies : une pathologie qui n'est pas si rare que ça, qui est la connexine 26 qui les rend sourd et une autre pathologie génétique plus ou moins rare comme la trisomie 21, la mucoviscidose, des pathologies très, très rares...
Il faut savoir, être sur que cette surdité rentre bien dans ce cadre. Il faut savoir, être sur que cette surdité rentre bien dans ce cadre; Il faut savoir dire si ça colle pas bien avec l'apparition de la surdité, si là, il y a une malformation qui ne colle pas avec etc... Ah ! ça, ça pourrait être 2 choses différentes.
Donc, il faut avoir les 2 buts.

Peut-on faire du conseil génétique préconceptionnel ?

On peut tout à fait, si on connaît l'anomalie (il y a des choses que l'on connaît et d'autres que l'on ne connaît pas encore...), donner un conseil à un couple pour savoir s'il y a un risque d'avoir un enfant sourd. Ca oui !
Il y a une autre technique dont je ne vous ai pas encore parlé : c'est le diagnostic préimplantatoire.
C'est une méthode qui permet de faire un choix parmi les embryons que l'on implante dans les familles qui ont une maladie génétique déjà connue.
Par exemple, imaginez une famille qui a déjà, un premier enfant qui a la mucoviscidose. Ils font le test à la grossesse et malheureusement, cet enfant a la mucoviscidose. Ils interrompent la grossesse. C'est très lourd sur le plan psychologique !
Donc, ils vont faire appel à cette technique qui consiste à faire une fécondation in vitro (une fécondation hors du corps humain).
Au stade du tout petit embryon, il y a 6 cellules. On va prélever sur chacun des embryons, une petite cellule pour l'analyser sur le plan génétique pour savoir si cet enfant est atteint ou ne l'est pas; Et on ne réimplante que les embryons qui ne le sont pas.
En France, parce que cette technique est nouvelle, elle est réservée uniquement à des maladies extrêmement graves, mortelles ou extrêmement invalidante mais c'est peut être une technique qui sera dans l'avenir, une technique que l'on pourra utiliser pour ne plus avoir ce problème d'interruption de grossesse. Mais, ça pose d'autres problèmes éthiques (un problème de choix) mais ce ne sont pas les mêmes.
Ceux sont des techniques que l'on pourra éventuellement utiliser pour des pathologies moins invalidantes.
J'ai déjà, un couple de mes patients qui est allé faire un diagnostic préimplantatoire pour la connexine 26 en Belgique parce que cette technique n'est pas possible en France et depuis, ils ont eu des petits jumeaux entendants....

Un gène normal à la naissance, peut il par la suite devenir anormal ?

Dans les maladies comme les maladies qui touchent les enfants ou des adultes et qui sont évolutives, ce sont des anomalies que l'on porte dès la conception;
Par contre, il y a des anomalies génétiques très peu connues qui sont à l'origine de cancers.
Donc les 2 sont possibles mais ça donne pas le même type de pathologie, mais la surdité par exemple, est toujours une anomalie que l'on porte en soi, dès le départ, même si elle se développe qu' à l'age adulte.
On peut imaginer par exemple, une protéine qui existe mais qui marche mal. Au départ, ça marche car il y a un stock de protéines quand même suffisant et les cellules fonctionnent. Et puis, au bout d'un moment, il y a un phénomène que l'on appelle toxique, la cellule s'affaiblit et, finalement, elle meurt. Et donc, apparaît cette surdité.
C'est pour ça qu'il y a des choses qui peuvent survenir qu' après un certain nombre d'années.
C'est vrai aussi, pour beaucoup de maladies neurologiques. Vous avez entendu parler des maladies de Parkinson, d'Alzheimer, de la schizophrénie etc. Il y a beaucoup de causes génétiques à ces maladies, et ce sont des maladies pour lesquelles les gens portent des anomalies des le départ;
- Soit ils portent cette anomalie et il y a un facteur extérieur qui est revenu dessus, par exemple, ils ont mangé quelque chose de spécial, ils ont rencontré un virus, ce qui fait, qu'ils développent la maladie après alors qu'ils avaient pu ne pas la développer.
- Soit c'est une accumulation de problèmes, au fur et à mesure qu'ils font ces toxiques et que l'organe petit à petit ne fonctionne plus;
Pourtant, ils ont cette anomalie dès le départ !
C'est très intéressant parce qu'essayer de comprendre pourquoi ça dégénère, ça veut dire aussi avoir une idée pour pouvoir stopper cette anomalie.
Alors que chez une surdité de l'enfant, qui est là des les 5 premiers mois de grossesse, on aura plus de mal car si ces enfants naissent avec un capital de cellules qui ne fonctionnent pas, ça devient beaucoup plus difficile de les faire re-fonctionner.
Il y a très peu de cellules dans la cochlée qui permettent d'entendre, ce sont des petits bijoux. C'est très précieux donc, on dit que si déjà, le mal est fait à la naissance, ça va être beaucoup plus dur.
Sur les surdités de l'adulte moi, je pense que l'on a beaucoup plus de chances de trouver des thérapeutiques génétiques qui vont permettre de ralentir ou de stopper l'évolution de la maladie.

Est-ce qu'une surdité de l'oreille peut donner une surdité de l'enfant ?

Ça ne donnera pas une surdité de perception profonde. Les infections (genre otites etc...) lèsent le tympan. L'infection, ça donne des otites aigues au niveau de l'oreille moyenne, c'est à dire derrière le tympan ou sur les osselets. A force, ça peut entraîner des problèmes d'otites chroniques qui vont léser le tympan et les osselets, voire léser derrière, mais ça commence par un problème au niveau de la transmission du son. Donc, ce n'est pas un problème de cochlée pur, dès le départ.
Chez les enfants c'est très rare que des surdités de perception s'accompagnent d'anomalies de cellules de la cochlée, dues à des infections sauf si une méningite passe l'infection directement aux cellules de la cochlée par voie veineuse. Mais, ça ne passe même plus par l'oreille.

De génération en génération, est-ce que les surdités d'origine génétique peuvent s’arranger ?

Non. Une anomalie génétique ne se corrige jamais spontanément, par contre, ça peut s'aggraver .Elle peut ne pas être transmise, mais si elle est transmise, elle ne se corrige jamais.

Ou s'arrêter ?

Ça peut s'arrêter à une génération si tous les enfants ont reçu un gène normal, mais dès qu'il y en a un qui a reçu le gène anormal, il peut lui même, le transmettre.
par contre, il y a une anomalie génétique mais ce n'est pas encore connu dans le phénomène de la surdité, mais surtout, dans le phénomène de la neurologie, qui s'aggrave de génération en génération.
En fait, dans les surdités, les anomalies génétiques, c'est une faute d'orthographe. Le gène, c'est une phrase avec 4 lettres A, T, C et G. L'anomalie génétique, c'est comme si vous faisiez une faute d'orthographe, remplacer un A par un T par exemple.
Mais, il existe des anomalies génétiques par exemple, dans les anomalies neurologiques de l'adulte pour lesquelles, ce n’est pas des fautes, mais des répétitions.
C'est à dire que le même mot va se répéter 10 fois. Si vous répétez ce mot 10 fois, vous êtes normal. Si vous répétez ce mot 50 fois, vous êtes normal mais vous pouvez avoir des enfants atteints. Si vous l'avez 100 fois, vous êtes malade et vous avez une maladie grave. C'est une maladie où la transmission peut s'aggraver parce que le nombre de copies peut augmenter avec la transmission.
Mais, ça n'existe pas dans les surdités ou du moins, peut être que ça existe, mais on ne connaît pas ce phénomène dans les surdités.

Si la mère a un test pendant la grossesse qui révèle que l'enfant porte la toxoplasmose, peut on le soigner pendant la grossesse ?

Il y a des traitements. On suit bien la maman et on traite le bébé.

Et si elle ne s'en aperçoit pas, est-ce que c'est transmissible de génération en génération ?

Non. C'est une maladie infectieuse et ça ne touche pas les gènes.
La toxoplasmose ne donne jamais une surdité toute seule. Ça donne des signes neurologiques et des troubles visuels surtout.
Mais la toxoplasmose, c'est une cause rarissime de surdité.
C'est comme la rubéole. La rubéole, on l'a mise à toutes les sauces. Les adultes qui sont nés,il y a 30 ou 40 ans, sourd profond, nombreux sont ceux à qui on a dit qu'ils avaient eu la rubéole alors que la mère n'avait jamais eu de fièvre et qu'ils ont juste une surdité. C'est pléthore !
Le nombre d'adultes de 40 ou 50 ans qui viennent me voir en me disant : " je veux savoir pourquoi je suis sourd, mais en fait, j'ai eu la rubéole pendant la grossesse", et à qui je trouve une anomalie génétique, j'en ai plein les wagons.
Une personne qui n'a qu'une surdité, elle ne peut pas avoir eu la rubéole pendant la grossesse !
Une rubéole congénitale, ça touche beaucoup de choses et en particulier, l'oeil et le cerveau;
Une surdité profonde isolée avec des enfants qui apprennent à lire, à écrire et qui n'ont pas de problème d'attention, qui n'ont pas de problèmes visuels, pour moi, c'est pas la rubéole, jusqu'à preuve du contraire.

Question du Professeur Meyer, ORL implanteur:
Je pense qu'il y a beaucoup de personnes ici qui ont été suivies à Saint Antoine et donc que j'ai pris en charge.
J'ai proposé à certains seulement et pas à d'autres (je parle d’adultes), d'avoir une consultation génétique; certains y sont allés, d'autres pas.
Est-ce que j'ai tord de ne pas le proposer systématiquement ?
Est-ce qu'il faut sélectionner les gens en fonction de leur age (s'ils veulent avoir des enfants) etc...
Quel doit être l'attitude de l'ORL implanteur ?

Pour moi, la recherche de la cause, ça fait parti de la prise en charge.
Donc moi, je dirais que la recherche de la cause, ça fait parti de la prise en charge. Donc, à mon avis, il faut proposer à tout le monde et systématiquement. Après, si les gens veulent savoir, ils viennent, sinon ils ne viennent pas. Je ne dis pas que c'est une obligation, je dis seulement que ça existe.
Comme les gens ne savent pas, c'est le rôle de l’ORL et du pédiatre de dire que l'on peut rechercher la cause de la surdité.
Leur dire : "on ne trouvera peut être pas, mais si ça vous intéresse !......"
Au départ, je voyais beaucoup de parents d'enfants sourds et maintenant, je vois beaucoup d'adultes.

Est-ce qu'il faut proposer ça pour des patients dont on pourrait soigner la pathologie avant être implanté puisque quelques fois l'origine de la surdité peut être trouvée ?

Moi, pour sauver, je n'ai pas de traitement à proposer, mais de la compréhension. C'est comprendre pourquoi. Est-ce que les enfants risquent être sourd ? Est-ce que l'on peut découvrir une autre pathologie qui va exister ? Quelle va être l'évolution ? Ca aide.
par exemple, des enfants naissent avec une surdité moyenne, certain vont toujours avoir une surdité moyenne et d'autres, vont devenir sourd profond. C'est intéressant pour les parents et pour l'équipe de savoir si cette surdité risque de s'aggraver et dans quelle proportion.
Par contre, je n'ai pas aujourd'hui, de traitement à proposer.
il y a des personnes pour qui ça va être important de savoir pour comprendre. Mais il faut bien comprendre que ça ne va pas changer la prise en charge, aujourd'hui.

Propos du Professeur Meyer :

Si le docteur Marlin me dit, c'est génétique, elle ne peut pas traiter, et si elle me dit ce n'est pas génétique, je ne sais pas traiter.
Voila la réponse, on ne sait pas traiter. Et c'est pourquoi les études génétiques ont été commencées et c'est une des raisons pour lesquelles, on ne propose pas systématiquement. Si c'était important pour vous, bien sur que ça ferait obligatoirement parti du bilan.

Dr Marlin :

Ca permet dans mon expérience, surtout chez l'enfant, de découvrir d'autres pathologies qui, elles sont traitables. Ca, c'est très important.
Mais aussi de donner des conseils génétiques : comment vont être les enfants et les petits enfants ?
Il y a beaucoup de gens pour lesquels le fait de savoir, de mettre un nom sur un problème pour savoir qu'il n'y a pas de traitement, est très important
je peux prévenir quand il y a des facteurs extérieurs comme par exemple la prise d'antibiotiques dont je vous ai parlé tout à l'heure. Ca m'est déjà arrivé dans plusieurs familles et là, j'étais super contente.
Si par exemple, le fait d'avoir l'anomalie génétique ne va pas forcément développer la surdité mais que si vous manger des choux-fleurs ou que si vous prenez des aminosides, ça va vous déclencher cette surdité, c'est super important. Ca permet de faire de la prévention.
J'ai eu une maman pas sourde, qu'un pédiatre par un super réflexe, m'a adressé. Elle a 3 filles qui ne sont pas sourdes, mais le pédiatre en l'interrogeant sur sa famille (elle vient de Madagascar), a appris qu'elle avait 10 frères et soeurs sourds sur 11 ou 12.
Et cette dame est porteuse de cette anomalie. Elle, elle n'est pas sourde mais il ne faut pas qu'elle prenne ces antibiotiques et ses enfants non plus ! Et aujourd'hui, on peut vivre sans prendre des aminosides.
Et ses enfants, il faut les suivre aussi et ne pas les laisser dans la nature comme ça.

Est-ce que la science va permettre d'arrêter l'apparition de maladies génétiques ?

Si par exemple, on autorisait les diagnostics préimplantatoires ou l'interruption de grossesse pour les surdités dues par exemple, à la connexine 26, on pourrait dire que ça va être arrête que, ce soit des enfants sourds qui naissent.
C'est faux.
La plupart du temps, les parents sont ignorants qu'ils ont un problème génétique. Pour pouvoir éviter un autre enfant sourd, il faut qu'il y en ait déjà un premier qui naisse.
C'est le grand argument d'un certain nombre de sourds de la communauté sourde : " vous allez faire disparaître les sourds de la terre ! ". C'est faux puisqu'on peut être tous porteur de cette anomalie génétique, faire des enfants avec quelqu'un d'autre qui a la même sans le savoir.
Et, il y aura toujours des enfants sourds qui naissent, même si, l'on fait pour les familles dans lesquelles, il y a eu déjà, un enfant sourd, des interruptions de grossesse pour les grossesses d'après.

Que pensez-vous du clonage ?

Il y a 2 clonages différents :

- le clonage thérapeutique.
Mon avis à moi de chercheur et de généticienne : j'estime que si l'on peut éventuellement remplacer un organe (foie, rein) par un clonage thérapeutique, pourquoi pas ?

- le clonage reproductif.
Alors là, ça devient extrêmement dangereux car il faut mettre des limites, et choisir des limites c'est pas facile, surtout que chacun a ses limites.
Il y a des maladies pour certains, qui ne sont pas des maladies pour d'autres.
Il y a des choses invivables pour certains qui sont très acceptables pour d'autres.
Je me souviens d'une maman qui a une maladie qui touche les os, un peu comme Mimi Matty (1m20 environ), qui est une maladie génétique qui est apparue chez elle, par accident car ses parents sont de taille normale.
Cette femme est extraordinaire et elle ne considère pas sa maladie comme un handicap pour elle. Elle considère que c'est pas une maladie, mais pourtant, elle a demandé des interruptions de grossesse car elle m'a dit : " je ne sais pas comment il va le vivre ". Donc moi, je ne peux pas choisir à sa place. Mes parents m'ont pas choisie et moi, j'ai la possibilité de choisir et donc, je choisis la vie la plus normale, entre guillemets. Et, elle n'a eu que des grossesses normales après.

Je me souviens aussi d'une femme qui était venue me voir en consultation génétique parce que depuis la naissance, elle n'avait plus de cheveux. Elle était chauve, et à priori, c'est un handicap très très mineur.
Ce qui n'empêche que cette femme ne voulait pas d'enfants chauves et à fait faire des diagnostics anténataux, car elle ne voulait pas que ses enfants vivent le même drame psychologique, qu'elle avait vécu. Ce drame, elle le vivait très mal, comme quoi, c'est très compliqué !

Est-ce que ça peut sauter des générations ?

Non, ça ne saute pas de génération. On peut avoir l'impression que ça saute une génération parce que les signes sont mineurs.

Par exemple, le syndrome de Waardenburg:
Avoir l'anomalie génétique peut donner une surdité profonde à la naissance mais ça peut donner aussi de superbes yeux bleus.
Qu'est-ce qui pourrait vous faire penser que cette maman qui a de superbes yeux bleus mais qui entend parfaitement bien et qui n'a pas de mèches blanches, porte cette anomalie génétique et que c'est cette même anomalie génétique qui chez cet enfant qui a les yeux marrons, va lui donner une surdité profonde ?
Elle s'exprime de la même façon, mais la maman a une forme mineure de cette anomalie et l'enfant, une forme majeure.

C'est pareil pour la famille malgache de tout à l'heure.
Cette dame qui porte cette anomalie génétique, qui est la même que ses frères et soeurs, elle ne l'exprime pas. Elle n'a pas eu de traitements antibiotiques et elle a eu la chance de ne pas avoir de surdité.
Ses frères et soeurs, certains ont reçu des antibiotiques et sont devenus sourds et d'autres sont devenus sourds sans antibiotiques parce que ça arrive aussi.
Donc, on n'exprime pas une anomalie génétique toujours de la même façon. Mais l'anomalie, elle, elle est là !
Elle n'a pas sauté de génération, elle est là mais simplement, elle ne s'est pas exprimée !

Est-ce que l'on sait pourquoi ça ne s'exprime pas de la même manière ?

Non. On ne sait pas.
Pour les malgaches, on sait que certains ont rencontré un élément extérieur mais pour beaucoup de maladies, on ne sait pas pourquoi pour certains, c'est toujours grave, et que pour une maman ou un fils, ça ne donne pas le même signe.
C'est certainement, les phénomènes de compensation par d'autres gènes, une régulation.
Les protéines interagissent les unes avec les autres donc sûrement il y a des choses qui font que ça aide d'un coté alors que de l'autre, ça ne le fait pas.
Par exemple, la connexine 26, elle existe dans tous les organes donc les enfants qui sont sourds à cause de cela, ils ont plein de connexine 26 dans le foie, dans l'oeil, le rein mais dans ces organes, il y a d'autres choses qui servent à sa fonction.
Par contre, dans l'oreille, il n'y a pas d'autres choses qui servent à faire la balance.

Est-ce qu'en France, votre métier va s'amplifier vu la pollution sonore que l'on a maintenant ?

Comme tout à l'heure, je vous ai dit que l'on est plus ou moins sensibles à ces antibiotiques en fonction des gènes que l'on a,
on est sûrement porteur de particularités génétiques (je ne veux pas dire d'anomalies génétiques ) qui font que l'on est plus ou moins sensible au bruit. Probablement !
On n’est pas égaux devant la sensibilité au bruit en fonction de nos gènes, comme l’on n’est pas égaux devant le vieillissement des cellules de la cochlée, en fonction de nos gènes.
Par exemple, il y a des familles où tout le monde arrive à 90 ans et tout va bien, et d'autres, où à partir de 60 ans, on n'arrive plus bien à entendre.
Et bien, c'est pareil pour le bruit. Il y a sûrement des gens qui sont plus sensibles, du à un facteur génétique, que d'autres.
Et puis, le bruit en lui-même, de toute façon, c'est toxique.

Moi, ce que je ferais surtout, c'est former les gens à mon métier parce que la surdité, c'est une accumulation de pathologies rares, mais ça en fait une pathologie fréquente. Donc, je pense que c'est utile qu'il y ait d'autres généticiens qui s'intéressent à la surdité.
Moi, je suis un peu la référence maintenant, en France mais mon métier, c'est aussi de former les autres.
J'ai formé un réseau d'une quinzaine de centres en France, qui permettent de mettre en relation avec des ORL. Au début, c'était beaucoup pour les enfants. J'ai eu beaucoup plus de mal à convaincre les ORL d'adultes (manque d’intérêt), que les ORL d'enfants.
Donc au départ, c'était plutôt des ORL qui s'occupaient de surdité de l'enfant. Je les ai mis en relation avec les centres et ils ont fait des binômes, dans la plupart des grandes capitales en France.
On travaille en réseau. On organise des réunions. Je leur écris les nouveautés, je leur indique les nouveaux tests etc...
On fait une démarche commune et ils m'envoient leurs cas difficiles, les patients pour lesquels ils ne savent pas.
J'ai aussi, dans mon laboratoire, une banque d'ADN. Ils m'envoient des prélèvements des familles pour lesquelles on n'a pas trouvé l'anomalie génétique et comme nous, on est le centre de référence, on fait beaucoup plus d'analyses que les autres, ce qui est normal.
Il faut avoir quand on s'occupe de maladies rares parce qu'en fait, c'est une accumulation de maladies rares, une expertise.
Je m'occupe d'un réseau au niveau national.
J'ai commencé toute seule en 1995. J'étais la seule à m'occuper de surdité génétique, sur le plan médical. J'ai ouvert une consultation d'abord à l'institut Pasteur, parce que je travaillais dans ce laboratoire de recherche. Et puis, ça a commencé un peu à séduire des gens et donc, je suis devenu médecin, dans un hôpital à Paris.
Et, j'ai commencé à rassembler mes collègues.
Je pense qu'il y a de plus en plus de généticiens en France, qui s'intéressent à ça, et qui ont une petite particularité de surdité et qui connaissent pas mal ça, plus encore la partie enfant que la partie adulte, parce que la partie adulte est venue secondairement, mais ça commence à venir.
Ca commence à intéresser de plus en plus les ORL d' adultes, pour bien leur faire comprendre que ça peut être intéressant pour leurs patients d'aller jusqu'au bout de l'enquête de la cause.

Votre métier est reconnu en France, maintenant ?

Reconnu ? Hum ! Ça fait 2 ans que j'ai un poste ! (Rire).

Je veux faire un petit témoignage :
Je suis venu ce soir, à la suite de la surdité de ma fille. On a fait l'analyse dans votre centre et la connexine 26 était hors de cause.
Aujourd'hui, j'ai demandé une amniocentèse anténatale pour une éventuelle trisomie 21, dans un laboratoire; j'ai demandé de faire du même coup, la détection de la connexine 26 sachant que ma fille n'en était pas porteuse. Le médecin en face, m'a dit que l'on ne sait pas la détecter pendant la période anténatale, et que de toute façon, il n'y a que la détection de la trisomie 21 qui compte.
Ce que je veux dire, c'est que si on veut détecter quelque chose comme la surdité, il faut quand même aller dans le centre de cette spécialité et pas dans n’importe quel centre.

C'est sur mais, de toute façon, dans votre cas, ça n'aurait avancé à rien, puisque votre fille n'a pas de problème du à la connexine 26.
Dans votre propre cas, on ne peut rien rechercher vis à vis de la surdité puisque l'on ne connaît pas encore la cause de la surdité de votre fille.
Ca viendra mais on n'y est encore pas arrivé.

Mais, c'est génétique ?

Oui, c'est génétique évidemment ! On a quand même, 80 % des cas qui sont d'origine génétique. Et puis, moi, comme je ne trouve pas la cause aujourd'hui, je reste sur le fait que c'est génétique, parce que les causes extérieures de surdité, on arrive quand même, à les dépister facilement.
Tant que l’on n’a pas trouvé cette cause extérieure, c'est que c'est génétique.
Mais l'on a pas encore tous les gènes de surdité.
Je suis casuiste. Je pense que toute famille est différente et je ne juge pas. Mais moi, je connais la surdité donc peut être que je ne suis pas bien pour donner un conseil et accompagner des enfants pour une pathologie très rare que je ne connais pas non plus.
Pour aller présenter dans une réunion anténatale avec des médecins, le cas des parents est à bien connaître.
C'est sur que peut être, que je fais mieux comprendre l'implication de la surdité sur un enfant ou un adulte, parce que moi je connais pas mal, qu'un médecin pour lequel la surdité, c'est Emmanuelle Laborie, magnifique et qui fait des très beaux signes à la télévision! C'est évident, c'est normal.

Pour la détection de certains gènes, il ne faut pas aller partout ?

Non.
Quand on s'occupe de maladies rares, il faut être spécialiste. C'est pour ça que là, c'est ma spécialité ! Sourire
Le ministère de la santé a fait un appel d'offre pour que les centres spécialisés dans les maladies rares, se fassent connaître pour être aidé et labellisé, donc reconnus comme unité génétique.
Donc, j'ai présenté avec le réseau national, avec mes collègues, un gros dossier qui m'a pris énormément de temps, de 120 pages montrant ce que l'on a déjà fait, ce que l'on avait l'intention d'encore faire, et pour dire que l'on pense être sûrement, un des centres référents dans le domaine des surdités génétiques.
Parce que moi, quand je vois des patients qui ont une maladie, par exemple la maladie de Marfan, qui donne des gens très très long, avec des anomalies oculaires et des anomalies cardiaques, même si je sais dépister cette maladie, même si je sais comment elle se transmet, c'est pas ma spécialité. Je sais qu'il y a un centre référent à Boulogne sur cette maladie. J'envoie ces patients vers ce centre, une fois que j'ai diagnostiqué, pour leur dire qu'ils auront là-bas, l'information complète.

Faut-il avoir peur de la médecine ?

Non, il ne faut pas avoir peur de la médecine. Il faut avoir un oeil dessus, extérieur d'ailleurs.
C'est pour ça que c'est bien qu'il y ait des comités d'éthique, qui regarde un peu les choses d'une façon détachée pour discuter, pour voir des choses que nous, qui sommes en plein dedans, ne voyons pas.
Mais, je pense que non, il ne faut pas avoir peur.

Retranscription de la conférence du Docteur Sandrine MARLIN à l'assemblée générale CISIC 2004