"Je suis devenu sourd profond le 02 mai 2003 suite à une méningite à méningocoque"

Je me présente : je m’appelle Guillaume, j’ai 25 ans, je suis « marié » et père d’une petite fille d’ 1 an et ½.

            Je suis devenu sourd profond le 02 mai 2003 suite à une méningite à méningocoque. Je suis resté 3 semaines à l’hôpital. Je n’ai aucun souvenir de la 1ère semaine où – paraît-il – je n’ai fait que dormir (j’ai perdu plus de 15 kg (que j’ai très vite repris) – essayer de me trouver un meilleur régime) et lors de mes rares moments d’éveil, j’étais très agressif (j’ai même insulté une infirmière qui ne voulait pas que je me lève de mon lit). Au bout de 8 jours, j’ai retrouvé mes « esprits » et je me suis rendu compte que je n’entendais plus rien. J’ai passé mes 2 premiers audiogrammes durant ce séjour où à chaque fois j’espérais une amélioration, même minime, de mon audition (allez ! Au moins un p’tit bip). Les résultats étaient, bien sur, négatifs.

J’ai quitté l’hôpital sourd ( + vertiges, problèmes d’équilibre, de la mémoire et de la concentration – enfin tous ces petits riens dus à la méningite) sans savoir si c’était temporaire ou définitif. J’ai patienté pendant tout l’été 2003 où tous les jours, j’essayais d’entendre des sons mais sans aucun résultat. Pendant ce laps de temps (le 18 juin), je suis devenu père. ça aide, quand même, à surmonter son nouvel handicap et sa petite dépression (c’est vrai pas si petite). Trois mois après ma sortie, j’ai passé un troisième audiogramme (toujours aucun bip - vous êtes sur que votre machine marche bien ??).

Résultat : surdité bilatérale profonde avec acouphène sans aucun espoir d’amélioration avec un appareillage externe. L’ORL a parlé cependant de l’implant cochléaire et du Pr. MEYER à ma mère mais nous a demandé de patienter une petite année car il y a quand même une petite chance que je retrouve mon audition (mais bien sur !!!).

Fin août, nous décidions (ma famille et moi) quand même de prendre rendez-vous avec le Pr. MEYER. Ce premier rendez-vous a eu lieu fin septembre ou début octobre (je ne sais plus trop). Le Professeur expliqua à mes parents le fonctionnement de l’implant et vu mon cas l’intervention était envisageable mais dans les plus brefs délais. Ensuite tout s’enchaîna très vite : IRM, scanner, rendez-vous avec le Docteur FUGAIN (qui donna son accord – merci, merci beaucoup Docteur !) et stimulation du nerf auditif. Malgré ma nature pessimiste, tous les résultats étaient bons et l’intervention prévue pour le 14 novembre 2003.

Mon admission à l’hôpital Saint-Antoine a eu lieu le 13 en fin d’après midi. Je vous passe les préparatifs pour l’opération que tout le monde a connu (ou connaîtra). L’intervention s’est bien passé (pas de nausées ni de vertiges (du moins pas plus que d’habitude)), j’ai pu me lever le soir même et prendre une douche le lendemain. Mais pour une fois, ma nature pessimiste a eu raison : deux jours après, un hématome apparut du côté opéré. Rien de bien grave car il n’y a pas eu infection mais j’ai gardé la perfusion ainsi que le bandage (très, très serré !!) jusqu’au matin de ma sortie le 24 novembre.

Deux jours plus tard, mon premier réglage : (très anxieux comme d’habitude – je suis sur que mes électrodes ne fonctionnent pas) série de bip, bip que j’entends (chouette ça marche !) et premier essai « à vive voix » avec les jours de la semaine : d’abord dans l’ordre (j’ai tout compris - normal me direz-vous) puis dans le désordre (j’ai pu répéter sans me tromper 4 jours sur 7). Ensuite, j’ai rendu mon contour (snif, snif) et prochain rendez-vous programmé pour la semaine suivante (le 03décembre). Second réglage des électrodes et cette fois, je garde le contour avec moi mais sans le porter toute la journée pour commencer.

Les premières semaines ont été magnifiques et riches en (re)découvertes. J’ai redécouvert tous les bruits du quotidien (chasse d’eau : c’est très bruyant) et bien d’autres auxquels un entendant ne prête plus attention (goutte de pluie dans une flaque - j’en ai même parlé lors du troisième réglage et il m’a été répondu que c’était normal car j’ENTENDAIS). Et finalement, le plus beau son qu’il m’a été permis d’entendre pour la première fois grâce et l’implant : les gazouillis de ma fille Ylana (et ses pleurs, nettement moins beaux).

Durant les 6 mois qui ont suivi, parcours normal d’un nouvel implanté : réglage, rééducation avec le Dr FUGAIN (un docteur formidable),…

J’ai acquis une bonne compréhension assez rapidement grâce, notamment, à la rapidité de l’intervention et la faible durée de la surdité.

Grâce à l’implant, j’ai pu reprendre une activité professionnelle en juin 2004 dans le même service (Police Municipale - bien sur je ne fais plus que du travail administratif) et j’ai retrouvé une vie presque normale.

Bien sur, je ne comprends pas toujours tous les mots : certains de mes collègues (surtout mon chef de service – Chut ! Vous ne le répéterez pas ?) n’ont pas compris qu’ils doivent articuler pour me parler (je suis obligé de leur faire répéter 10 fois leurs phrases pour enfin comprendre). Mais avec les membres de ma famille, j’ai presque une écoute naturelle (plus besoin de me concentrer, ni de regarder leurs lèvres pour les comprendre).

Dernières petites lignes, j’ai redécouvert récemment les plaisirs de la musique et de la télé grâce à la boucle mini-coni (je comprends tous les programmes sans sous-titrage -  je la conseille à tous les implantés).

Derniers mots (je ne m’arrête plus), je tiens à dire un grand merci (même un énorme : MERCI) à toute l’équipe du Pr. MEYER, au Dr FUGAIN, à Catherine DAOUD, à l’association CISIC et à tous ses membres (merci d’exister) et à toute ma famille qui a toujours été présente dans ces moments difficiles (et dieu sait que je n’ai pas toujours été facile à vivre).

Et n’oubliez pas : la gaieté change l’hiver en été.

 

 

                                                           Encore MERCI !!!!

 

 

Guillaume, implanté en novembre 2003 à l’hôpital Saint-Antoine