En mars 2021, Alain, 71 ans, témoignait à propos de sa première implantation cochléaire. Voici la deuxième partie de son témoignage, écrite plusieurs mois plus tard à la suite de l'implantation de sa seconde oreille.

 

Pour lire la première partie du témoignage d'Alain, cliquez ici.

 

Cela fait maintenant huit mois que le professeur Mom m’a posé un implant cochléaire à l’oreille droite, au CHU de Clermont Ferrand. Je revis, je progresse à grands pas sur la route de l’audition. Antoine Gensty perfectionne avec une grande minutie les réglages de mon processeur Nucleus 7 de la société Cochlear. Géraldine Boucaumont, mon orthophoniste, m’apporte confiance et bien être à chacune de ses interventions. Elle me conseille de penser à la pose du deuxième implant sur l’oreille gauche. L’idée est lancée, et lors d’une visite au professeur Mom, celui-ci met en route le processus.

 

Je rentre donc le 6 mai au CHU pour la « rénovation » de mon oreille gauche. Je suis bien, pas d’anxiété. Michelle, mon épouse, m’accompagne, mais les problèmes sanitaires l’obligent à me laisser à la porte d’entrée.

 

J’arrive à 15h00 et un infirmier contrôle mon dossier. Une infirmière me demande de la suivre :

« M. Legrand, nous sommes désolés, nous n’avons plus de place en ORL, je vais vous conduire dans le service d’orthopédie ».

Mince, je me dis : « Ca démarre mal » !

Pour détendre l’atmosphère, je lui réplique : 

« Vous ne me faites pas la prothèse du genou, c’est déjà fait ! » Elle sourit et me conduit dans ma chambre.

 

Je m’installe tranquillement et lui demande la télé. La 3ᵉ chaine diffuse à 21h une émission jeu « La chasse au trésor » sur le département de l’Allier (des énigmes sur les Bourbons et sur Lapalisse).

Avant de partir de la maison, ma fille et mon gendre m’ont offert le dernier ouvrage de Bernard Pivot « … mais la vie continue ». Je vais me régaler en lisant ce livre passionnant en deux soirées et je le conseille à toutes les personnes qui arrivent à la soixantaine et plus !

 

Arrive le 7 au matin, je suis en bonne forme et comme d’habitude, le moral est au beau fixe. J’ai exécuté les conseils des infirmières, douche, désinfectant... Je suis prêt.

7h45, deux dames viennent me chercher et me conduisent dans le hall de la salle d’opération. Une charmante infirmière prend la suite et commence à m’expliquer le déroulement de la matinée. Je l’arrête tout de suite, car j’ai laissé mon processeur dans la chambre et je n’entends rien ! Elle est désolée et me note les explications sur une feuille qu’elle me présente. Même constat, c’est compliqué, les lunettes sont restées dans la chambre !

Ah les vieux !

 

On va quérir mon appareil et j’ai droit aux explications par le son, j’en suis très content et très fier de l’entendre, cela prouve qu’avec mon Nucleus 7 je reprends une vie (presque) normale. Après ce petit intermède, on m’installe sur la table d’opération. Il est 8h15 et petit à  petit, le calme revient dans la pièce. Au bout d’un petit moment, je me retrouve seul, je sens qu’il se passe quelque chose de bizarre !

L’infirmière revient à nouveau et me donne mon appareil :

« M. Legrand, nous avons un petit problème, la machine est en panne ! Ne vous inquiétez pas, nous avons une deuxième salle à notre disposition, mais il nous faut votre accord, car elle n’a pas l’assistance robot. »

Je lâche le mot de Cambronne et lui demande si c’est bien le professeur Mom qui m’opère. Elle me répond par l’affirmative et en route pour la nouvelle salle !

 

Le professeur Mom est déjà en place, il m’accueille, comme d’habitude, avec un large sourire et je lui précise que les péripéties postopératoires allaient me donner du blé à moudre pour mon deuxième témoignage.

L’opération se déroule comme pour le premier implant, c’est-à-dire très, très bien. Réveil agréable,  pas de douleur et le même casque de Ramsès II que la première fois. Je suis en bonne forme et  de retour dans ma chambre, je replonge dans le livre de Bernard Pivot.

 

Samedi 8 mai, mon épouse vient me chercher, c’est le retour au bercail. Tout va bien, si je n’avais pas ce bandage autour de la tête, personne ne saurait que je viens de recevoir mon deuxième implant.

Mes enfants, petits-enfants et voisins du hameau (nous sommes dix habitants) viennent saluer le retour de la Momie ! Je suis tellement bien que je prévois de travailler dans le jardin le lendemain pour me distraire. Je passe mon dimanche matin à désherber puis je sème une planche de haricots puis une deuxième, quelle pêche ! Après le repas de midi, petite fatigue, je m’installe dans mon fauteuil pour la sieste.

 

Au réveil, ce n’est pas la même chanson, je ne suis pas bien, j’ai des vertiges, des nausées et je ne suis bien que couché !

Michelle, mon épouse me fait remarquer que j’ai un peu « forcé la mule » ! Elle a raison, il me faudra trois jours pour retrouver un meilleur équilibre.

 

Je prends mon habit de convalescent et je reste tranquille jusqu’à la nouvelle séance chez mon orthophoniste.

J’applique à la lettre une ancienne boutade entendue dans ma jeunesse :

« Que Dieu me prête vie et laisse à ma femme la force de travailler ! »

 

Le 18 mai, retour à Clermont pour la mise en route du deuxième implant.

Lorsque l’on approche de cette date, on est impatient. Est-ce que ça va marcher ? Mon oreille gauche va-t-elle fonctionner à nouveau ?

Oui, elle fonctionne !

Dès l’activation, je perçois des sons. Mon agréable surprise est qu’ils sont moins « mécaniques » que pour la précédente opération. La mise en route de ce deuxième implant m’apporte immédiatement un meilleur équilibre.

Puis c’est un nouveau cycle de rééducation qui redémarre avec Géraldine Boucaumont. Tantôt avec les deux implants, tantôt avec le gauche seul, c’est le bonheur, je progresse ! À raison de deux séances par semaine, à son cabinet plus une séance au téléphone, elle va reconstruire mon audition. À chaque séance, j’avance et j’ai hâte de passer à la suivante. Il en est de même pour le téléphone, j’arrive à suivre la conversation sans crainte.

 

Aujourd’hui mi-août où en est-on ?

Amis malentendants, je voudrais modestement vous apporter quelques conseils et vous donner de l’espoir. Ne craignez pas de vous faire implanter, n’écoutez pas toutes les bêtises qui se diffusent. Prenez l’avis de personnes implantées et surtout confiez votre audition à des gens sérieux. Avec l’apport de cette technologie, le bonheur de réentendre n’est plus très loin alors : foncez !

 

Après votre implantation, pour une bonne réussite, je vous conseille de respecter la règle des deux P et du T :

1. Patience :  

L’audition ne viendra pas du jour au lendemain, c’’est un chemin long et tortueux. Pour ma part, j’ai eu de la chance, ma deuxième oreille a redémarré très vite. Elle s’était éteinte en juillet 2020.

2. Persévérance :

Il en faut. Quelquefois vous vous direz « je n’avance pas ».

Si, on avance ! À grands pas aujourd’hui, peut être à petits pas demain, mais cela ne fait rien. Il faut garder le moral, c’est essentiel.

3. Travail :

Dans la vie, le travail paye toujours. Le soir à la maison, mon épouse me refait la séance de l’orthophoniste et j’avance.

 

Mon premier implant a été posé il y a moins d’un an, le second il y a quatre mois.

Je téléphone presque sans appréhension. À l’occasion, je fais les courses seul. Je reprends les sorties à vélo avec mes amis du club (le bruit du vent me gêne énormément au travers du casque). Pour la télé, c’est un peu juste, je laisse encore le sous-titrage, mais je ne désespère pas de l’enlever dans un futur très proche. Pour la radio, c’est un peu délicat, j’ai quelques difficultés sauf avec RTL dans ma voiture (je ne sais pas pourquoi !).

 

Tout est rose ?

Non, bien sûr. J’ai des problèmes dans un milieu bruyant. Un repas avec plusieurs convives est très compliqué lorsqu’il y a plusieurs personnes qui parlent en même temps. Pour la musique également, c’est difficile lorsque je ne connais pas l’artiste, mais quelle avancée en si peu de temps !

 

Amis malentendants, je vous souhaite d’avoir la chance que j’ai eue de tomber sur un trio « magique » de professionnels qui a changé ma vie.

 

Quel risque prenez-vous à recevoir un ou deux implants ? Lorsque l’on est malentendant, si par malheur, l’implant ne fonctionne pas, on reste dans le monde du silence, c’’est un coup d’épée dans l’eau (je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de cas comme cela !); Mais si tout se passe bien, c’est la route ouverte vers l’audition, il ne vous reste plus qu’à appliquer la règle des deux P et du T dont j’ai parlé plus haut !

 

Je voudrais terminer en remerciant le professeur Mom et Antoine Gensty du CHU de Clermont Ferrand, ainsi que Géraldine Boucaumont, mon orthophoniste, pour m’avoir aidé à quitter le monde du silence et à redécouvrir celui de l’audition. C’est avec le même sourire que ces trois personnes m’ont accueilli à chacune de mes visites.

Je voudrais également remercier la société Cochlear pour la qualité de ses produits et l’accompagnement très utile de son personnel.

 

J’ai gardé pour la fin le merci à mon épouse Michelle et à tous mes proches et amis qui, en plus de cette période de crise sanitaire, m’ont soutenu dans ces terribles moments que je vis depuis trois ans.

 

Les amis, rappelez-vous : « La vie est belle et vaut la peine d’être vécue ».

 

Alain, un malentendant de plus en plus à votre écoute !

 

 

Pour aller plus loin :

Si vous n'avez pas encore lu la première partie du témoignage d'Alain, voici l'article.

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